Biographie de Jean Catoire par Denis Havard de la Montagne

Catherine Catoire | Malcom Bruno | Denis Havard de la Montagne | Nicolas Bacri


Biographie (suite)

   Si d'aucuns n'apprécient guère ce genre de musique que l'on peut qualifier de minimaliste, il n'empêche qu'au travers de son œuvre immense qui s'étale sur un demi-siècle, bon nombre d'idées et de thèmes musicaux fort habiles se font jour. Les genres musicaux de son catalogue, dont la plupart des partitions ne porte pas de titre mais seulement un numéro d'opus, se divisent principalement en œuvres instrumentales (orchestre, musique concertante, musique de chambre) et pages pour la voix (voix seule avec ou sans accompagnement, et chœurs). Parmi les premières on relève notamment 11 Symphonies, 3 Concerto pour violon, une Sonate pour douze instruments, 4 Sonate pour piano, 7 Quatuor à cordes, un Trio avec piano... et au sein des œuvres pour voix : 5 Cantiques orthodoxes, 2 Requiem, 6 Messes, une douzaine de motets. La plupart des œuvres citées supra a été écrite au cours de la première période de création (années 1940-1950) où Jean Catoire s'oriente vers un mysticisme sacré. Dans une seconde période créatrice (à partir des années 1960), approfondissant davantage ses théories, il produit une musique cette fois totalement dépouillée de toutes formes traditionnelles pour aboutir à une contemplation résolument mystique du phénomène sonore. C'est à partir de ce moment que ses œuvres ne portent plus de titre et que celles pour la voix sont sans paroles appliquant en cela ce que disait déjà Saint-Augustin au Ve siècle parlant de la vocalise sans mot et de son religieux mystère : «Qui jubile ne prononce points de mots : c'est la voix de l'esprit [...] qui exprime ce qu'il sent sans en saisir le sens».

   Les œuvres de Jean Catoire ne sont pour l'instant pas éditées et peu enregistrées. Il existe à ce jour seulement 2 disques: un CD «Extasia» chez Virgin classics 54453242, distribué par EMI music France (1999) contenant le Requiem op. 573 (1991), les Antiennes de Requiem op. 195 et les Interludes pour orgue op. 84, par le Chapel Choir of Harrogate Ladies' College sous la direction d'Harvey Brough avec W. Marshall à l'orgue, démontrent admirablement bien ce que Joseph Gélineau écrivait en 1962 dans son ouvrage Chant et musique dans le culte chrétien (éditions Fleurus) : «La perfection de la musique pure vient de la transparence de son message. Elle semble ne rien dire d'autre qu'elle-même [...], elle renonce à rien dire de la raison qui discourt, elle peut tout dire du cœur qui aime et de l'esprit qui voit». C'est pour cette raison que dans ce CD figurent également des compositions du XIIe siècle d'Hildegard von Bingen dont la musique mélismatique rejoint quelques huit siècles plus tard celle de Jean Catoire; et un CD intitulé «Messe basse» chez Albermarle Records (1005), enregistré en 2004 par The American Boychoir dirigé par James Litton, avec Scott Dettra à l'orgue (www.americanboychoir.org), qui comporte sa Messe op. 571 (Kyrie, Gloria, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei), ainsi que la Messe des Pauvres de Satie et des pages de Fauré et Franck.

   Le goût pour la musique est encore présent de nos jours dans la famille Catoire avec notamment Alexandre Catoire, arrière-petit-neveu de Georges, fondateur en 1998 à Lyon d'une «École de musique Georges Catoire» et directeur général du Centre de Formation Professionnel de la Musique (CFPM) de Lyon et de Paris. Il en est de même pour la branche russe, avec Katia Messner (arrière-petite-fille de Georges) qui enseigne au Conservatoire de Moscou.

   Denis Havard de la Montagne
   Rédacteur du site Musica et Memoria